Imagine, maintenant : un piano. Les touches ont un début. Et les touches ont une fin. Toi, tu sais qu’il y en a quatre-vingt-huit, là-dessus personne peut te rouler. Elles sont pas infinies, elles. Mais toi, tu es infini, et sur ces touches, la musique que tu peux jouer elle est infinie. Elles, elles sont quatre-vingt-huit. Toi, tu es infini. Voilà ce qui me plaît. Ca, c’est quelque chose qu’on peut vivre.
Je ne sais pas si c’est moi qui suis hyper sensible en ce moment où si mes lectures sont toutes véritablement chargées en émotion mais la nouvelle que je m’apprête à vous chroniquer vous file la chair de poule par sa poésie. L’auteur est un génie de l’écrit ! Je vous parle de l’italien Alessandro Baricco et de sa très belle pièce Novecento : Pianiste. Il s’agit en fait d’un monologue théâtrale, d’ailleurs je dois voir cette pièce puisque les didascalies ne donnent pas le son des instruments … Le texte que j’ai lu est une traduction de Françoise Brun qui date de 1997.
+ Un film italien a été tiré de cette pièce, il s’agit de « La Légende du pianiste sur l’océan » de Giuseppe Tornatore.
Synopsis
Né lors d’une traversée, Novecento, à trente ans, n’a jamais mis le pied à terre. Naviguant sans répit sur l’Atlantique, il passe sa vie les mains posées sur les quatre-vingt-huit touches noires et blanches d’un piano, à composer une musique étrange et magnifique, qui n’appartient qu’à lui: la musique de l’Océan dont l’écho se répand dans tous les ports.
Sous la forme d’un monologue poétique, Baricco allie l’enchantement de la fable aux métaphores vertigineuses.
Mon avis
C’est ça que j’ai appris, moi. La terre, c’est un bateau trop grand pour moi. C’est un trop long voyage. Une femme trop belle. Un parfum trop fort. Une musique que je ne sais pas jouer.
Novecento c’est une belle leçon d’humilité, de poésie et de vie. Une pièce de théâtre, c’est peut-être ce que c’est mais une chose est sûre c’est que c’est remplie de phrase poétique, c’est plein de musique qui se joue avec des mots à la place des notes … Novecento c’est un peu une partition pour la bouche ! Ça l’est d’autant plus qu’il s’agit du monologue d’un trompettiste, donc d’un musicien.
Mais avant d’être une pièce, Novecento c’est le nom du pianiste dont on raconte la vie. Virtuose qui semble avoir hérité d’un don pour la piano venu du ciel. C’est encore plus surprenant quand on sait que Novecento est né sur un paquebot et n’en sortira jamais. Tout se passe coupé de la Terre, la durée d’une vie, d’une longue navigation … Le temps qui passe et l’eau sont souvent mis ensemble mais la vie de Novecento ce sont de nombreuses traversées à travers le monde. Toujours sur le même bateau, sur la mer mais si lui ne va pas au monde le monde vient à lui par l’affluence de gens qui voyagent.
En terme littéraire, il y a tellement à étudier dans ces quelques pages … Que ce soit dans le style d’écriture où l’on peut percevoir moult procédés utilisés ou pour l’histoire qui se sert de l’Histoire pour mettre en parallèle la vie de Novecento à ce qui se passe ailleurs. Mais je ne veux pas en dire beaucoup car il a déjà beaucoup de choses qui ont été dites sur le sujet et qu’il est bon de découvrir ce texte dans toute sa pureté, sans fioritures autour.
Je ne sais pas pour vous mais cette lecture m’a donné envie de revoir Forest Gump, un petit quelque chose de similaire dans le sentiment que ça me laisse sûrement … J’ai le coeur qui est tout mielleux, tout mou, tout ému ! Un si petit roman qui contient un si grand texte !
Voilà un classique qu’il est bon de découvrir et de faire découvrir.
Tout ça dans 87 pages ! Baricco est un homme qui manie les mots avec la dextérité d’un pianiste, la mélodie et l’harmonie résonnent dans ces pages. Voilà une lecture à fleur de peau.
Et comme toujours, vous pouvez nous suivre sur Twitter ou Facebook pour partager vos lectures, vos coups de cœur et vos propositions de lectures !
5 Comments
J’ai tellement aimé « Soie » que je me suis vite procurée celui-ci dans la foulée ! Malheureusement il est encore dans ma PAL, mais plus pour longtemps après avoir lu ton billet, merci 😉
Je recommande Soie aussi de Barricco, très chouette également ! D’une manière générale il a vraiment une écriture très particulière, très proche du conte finalement, que j’aime beaucoup.
Sur l’avis de Lupa et le tiens j’ai acheté Soie 🙂
« Un si petit roman qui contient un si grand texte » exact, et maintenant j’ai vraiment envie de voir la représentation théâtrale.
On pourrait tenter de voir si on peut y aller ensemble un jour !