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La balafre de dieu de Francis JR Brenet – Critique littéraire

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Tout d’abord je voudrais souhaiter un joyeux anniversaire aux éditions Underground qui soufflent leur première bougie ! Je les ai découverts au salon du livre avec une joie sans nom. Ils font un travail de qualité, proposent des titres qui font très envie et je les remercie pour leur gentillesse.

Après m’avoir conseillé La Balafre de Dieu, ils m’ont offert Je suis un monstre de Keren Nott et je suis en pleine lecture … Et l’un comme l’autre sont des livres originaux.

Revenons à nos moutons et à La Balafre de Dieu de Francis Jr Brenet, publié le 20 avril 2015. En passant devant le stand des éditions Underground et en discutant un peu avec les éditeurs, voilà que l’on me conseille de lire un OVNI, un livre que l’on ne range dans aucune case, un livre qui serait même très dur à définir pour le conseiller. Il ne fallait pas m’en dire plus pour m’intriguer. Le lendemain, l’auteur est là. Je retourne donc sur le stand pour acheter le livre et discuter de ce roman sans définition … L’étrangeté du personnage, la beauté de l’ouvrage et la qualité éditorial de ce dernier me séduise tant et si bien que je repars avec l’ouvrage dédicacé et une forte envie de commencer à lire de suite « cette chose »…

Une fois ma lecture achevée, j’ai peiné pour vous écrire ces lignes qui font offices de « chronique » sur ce roman atypique !

Table of Contents

Synopsis

 « Dieu m’a assassiné… »

Et si ces quelques mots griffonnés sur un papier ébranlaient l’Armonésie ? Comment décrire ce pays ? Un Armonésien le ferait en ces termes : « Berceau de la perfection ! Si nous connaissons aujourd’hui des vies sans histoires, c’est grâce au Conseil des Sages – loué soit-il ! – qui nous a purgés de ces maudits rêves et de ces parasites de sentiments… »

Mais quels secrets se cachent derrière cette perfection ? À travers les destinées croisées d’un croquemort immortel, d’une prostituée, d’un médecin du label Mochitude, d’une Dame Pipi, d’un inspecteur de la Karma Police et d’un serial killer, les indices vont peu à peu s’imbriquer comme les pièces d’un puzzle.

Mais peut-être la véritable solution se terre-t-elle en vous, vous qui porterez cette histoire jusqu’aux frontières de la réalité, de l’imaginaire et de la folie ?

Oui, bienvenue en Armonésie, un pays dont vous ne pourrez plus partir…

Mon avis

Par où commencer ? Par ce qu’il y a de plus simple à décrire, c’est à dire le visuel ! La Balafre de Dieu est un beau livre, le texte n’est pas imprimé de manière classique, il y a des pages de carnets, des mots dans plusieurs sens, des polices différentes. C’est donc un texte qui se présente de manière originale à son lecteur. Rien qu’avec cela, nous quittons l’univers classique des romans au texte imprimé selon des codes : marges, taille de police … Parlons également de la couverture de Sényphine. Si elle vous plait, si elle vous tente c’est que vous plongerez entièrement dans ce monde froid et obscure qu’est l’Armonésie. J’ai beaucoup aimé la finesse du train et le choc entre le décharnement des bâtiment et la pureté de cette fleur blanche mécanique.

Vient ensuite la surprise en terme littéraire, Francis Jr Brenet a une plume particulière. Il a pensé son univers assez loin pour réinventer le vocabulaire de ce dernier. Il y a plein de références partout et c’est un jeu de tenter de découvrir l’étymologie du vocabulaire armonésien. Je vous en donne une facile avec « la Karma Police« . Amateur de culture générale, vous allez vous régaler.

Si vous n’aimez pas réfléchir, si vous n’aimez pas vous mettre en danger dans votre lecture, La Balafre de Dieu ne vous plaira en aucun point. Personnellement, il y a longtemps que je n’avais pas autant utiliser toutes mes facultés cognitives pour une lecture ! Il m’a fallu oublier ce que je savais déjà pour m’adapter à l’Armonésie qui diffère en bien des points de notre monde même si en beaucoup d’autres il y ressemble.

Vous l’aurez d’ores et déjà compris, Francis Jr Brenet fait tout pour nous emmener dans son univers. Si il s’agit d’une histoire complexe et différente de d’habitude, l’auteur sait préparer son terrain pour qu’une fois le lecteur happé en Armonésie, ce dernier n’en ressorte qu’à la fin du texte. Aucun répit, aucune douceur, aucun bien être. Nous sommes avec les personnages de ce roman, encore faudrait-il qu’il en soit un. En effet, nous sommes avec une multitude de textes qui racontent les différentes histoires des gens vivant en Armonésie. Seul le monde est le même, leurs histoires sont des histoires personnelles à un moment crucial de leurs vies. En apparence, il n’existe aucun lien entre ces personnages … Il s’agit donc d’un recueil d’histoires sur les habitants d’Armonésie, voilà comment je définirais ce livre.

Nous commençons ce livre et nous ne comprenons pas vraiment ce qui nous arrive, de quoi parlons-nous, où sommes-nous ? Déroutés, nous tentons de reprendre le fil de notre voyage aidé par une première rencontre, sordide et macabre. Mais ce n’est que le début d’une longue liste. Nous allons découvrir l’Armonésie en passant entre les mains des personnes les plus étranges qu’ils puissent être. Et il y a une raison à tout cela ! Ici nous n’avons plus le droit de rêver… Ceux qui continuent de le faire son dénoncés et tués. Pour éradiquer les sentiments et les rêves, il faut passer par le crève-jour qui permet d’être « normal« , aseptisé. En Armonésie, il faut rentrer dans des cases et se conformer aux normes. Etre moche est un crime qu’il faut réparer à coup de chirurgie plastique, par exemple.

Petit à petit les liens entre ces histoires se font. Nous comprenons où l’auteur veut en venir. J’ai adoré la dernière partie, celle où tout se met en place, où l’on comprend pourquoi et comment mais le moment qui annonce la fin.

C’est un roman qui ne se laisse pas apprivoiser, c’est à nous de nous adapter. Mais une fois normalisé pour cette lecture, nous nous prenons une véritable claque littéraire. Une de celle qui fait du bien car nous ne l’avons pas vu venir. On en sort un peu grisé, comme une gueule de bois. Difficile d’attaquer un autre livre dans les jours qui suivent. L’histoire trotte dans votre tête sans cesse. Avec plein de « et si« , j’ai eu du mal à m’en sortir. Finalement, La Balafre de Dieu c’est l’histoire de notre monde avec un filtre assez noir et négatif  mais tout de même assez réaliste sur certains points. Je ne vais pas en dévoiler plus, je l’ai déjà trop fait, prise dans mon élan. Je vous recommande la découverte de ce roman par vous-même. Qu’il vous plaise ou non c’est réellement une expérience de lecture à faire !

En bref on retient de cet ouvrage un fort sens de l’esthétisme que ce soit visuel avec les choix éditoriaux ou que ce soit de l’esthétisme verbal. Baudelaire disait « le beau est toujours bizarre« , cette définition n’a jamais si bien décrit un ouvrage.

Vous ne sortirez pas indemne de cette lecture !

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